lundi 26 août 2013

Parcours d'un enfant de l'Assistance dans l'Yonne

Archives départementales, Auxerre

Les cordonniers sont les plus mal chaussés. Alors que je connais tous les recoins du village de mes ancêtres dans le Lot-et-Garonne, je ne savais rien des villages dans lesquels mon grand-père paternel a passé son enfance. A l'occasion du généathème "village", je vous emmène sur les pas d'un enfant de Paris placé dans l'Yonne.

Si vous suivez le blog régulièrement, vous êtes familiers avec l'histoire de mon grand-père paternel, Marcel Simard. Né en 1904, abandonné en 1910 par son père, sa mère ne pourra jamais l'avoir de nouveau à ses côtés, ses ressources étant insuffisantes.
A son adolescence, il fut placé dans des fermes dans l'Yonne. Le bureau gestionnaire était à Toucy. Malheureusement, les traces et archives semblent perdues.
Si je connais le nom des familles, des villages ainsi que les périodes grâce à son dossier de l'Assistance, il me faut trouver où exactement. Direction donc les Archives départementales à Auxerre pour éplucher les recensements.
La lecture des recensements me renseigne sur la situation géographique des fermes pour deux des trois villages (Moulins-sur-Ouanne, Lalande, Sementron).
J'en profite pour éplucher les recensements de Taingy. En effet, c'est dans ce village qu'en 1927 Marcel épousa Marie-Josèphe Barillé, alors que cette dernière était originaire de Levallois-Perret.


Taingy, la mairie. Hier.
Taingy, la mairie. Aujourd'hui

Comme toujours en généalogie rien n'est simple. Pour une découverte faite vous gagnez un mystère en plus. 

La découverte : En 1921, vivaient et travaillaient à la ferme au lieu-dit Richebourg, Marguerite Barillé, la mère de Marie-Josèphe, Lucienne, sa soeur et l'époux de cette dernière, Robert Chevalier. En 1926, s'ils demeurent toujours à la ferme, j'apprend que Marguerite y est couturière et a deux aides avec elle.

Le mystère : aucune trace de Marie-Josèphe, ni à Richebourg ni dans les villages alentours. Où était-elle avant de réapparaître en 1927 pour son mariage ? Son histoire familiale me donne néanmoins des pistes de recherches que je vais devoir explorer (à suivre …)



Taingy, Richebourg, la ferme.



Munie de ces renseignements, je me mets en route pour ma première destination : Moulins-sur-Ouanne.

Avant de me rendre au lieu-dit, je m'arrête dans le village : 

C'est dans cette église que le 14 mai 1916, Marcel a été baptisé (pour la deuxième fois)

L'église telle que Marcel Simard l'a probablement connue


De 1919 à 1920, il est placé chez la famille Gauthier, dont la ferme était située au lieu-dit Les Mittards.

Bonne nouvelle il n'y a qu'une seule ferme. Avant de prendre des photos de l'endroit, je me présente à la propriétaire afin de lui expliquer ma démarche et lui demander l'autorisation de photographier la maison et la ferme. 

Maison-ferme construite en 1881.

Au cours de notre échange j'apprend qu'il s'agit de la ferme familiale et que son mari est l'arrière-petit-fils du fermier ayant accueilli mon grand-père. J'ai également eu le plaisir de m'entretenir avec la petite-fille de Monsieur Gauthier. Aujourd'hui âgée de 91 ans, elle n'a bien évidemment pas connu mon grand-père mais se souvient des garçons de ferme qui étaient placés chez son grand-père. Ils étaient tous très bien traités m'assure-t-elle. 
"D'ailleurs où vous vous trouvez, c'est là où ils dormaient".  

Logis des garçons de ferme

Je n'ai pas eu autant de chance pour Lalande et Sementron; je n'ai pas réussi à identifier les fermes où mon grand-père a été placé.

Quoiqu'il en soit, j'ai retiré de cette journée beaucoup plus d'informations et d'émotions que je ne l'aurais imaginé.
Mon conseil : lorsque vous partez sur les pas de vos ancêtres, frappez aux portes, faites vous connaître, vous aurez peut-être la chance qu'une porte s'ouvre sur un pan de votre histoire familiale.
 

12 commentaires:

  1. Bravo Sophie d'avoir si bien mis en pratique le thème du mois ...

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  2. Très intéressant ! J'avais suivi le même chemin, en Haute-Marne, sur les traces de mon grand-père Gaston, placé dans des fermes autour de Chaumont. Et j'avais reçu le même accueil, curieux et intéressé, des descendants de ces familles. Bravo Sophie !

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  3. Merci Brigitte et Odile.

    Quand on peu lier l'utile à l'agréable il ne faut pas s'en priver !
    Odile, tu confirmes ce que j'écris en conclusion, ne pas hésiter à se présenter. L'accueil est toujours chaleureux et c'est une opportunité pour de belles rencontres.

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  4. J'imagine très bien l'émotion ressentie par la découverte des lieux et surtout de pouvoir parler avec les descendants qui ont accueilli ton aieul!
    Merci pour ce témoignage

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  5. Bonsoir Sophie
    J'imagine bien aussi l'émotion ressentie.....merci de partager avec nous !
    Taingy,je connais,mon fils y a passé 2 ans au début du siècle !!!

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  6. Bonsoir
    Tout d'abord merci pour cette évocation.
    J'ai récemment recherché dans le département voisin,la Nièvre ,des renseignements sur des enfants assistés de la Seine et de Nevers.Dans le premier cas,les archives sont à Paris.Dans le second cas,les registres de placement des enfants assistés de Nevers témoignent de l'existence difficile de ces enfants.
    Ceux qui fuyaient une famille d'accueil étaient qualifiés d'évadés.
    J'ai souvent croisé la mention "absence de contrat écrit".
    Une ou deux fois seulement,j'ai lu que l'enfant "assisté" était considéré comme un enfant de la famille.
    Enfin,dans les archives communales,notamment scolaires,il est parfois possible de trouver des traces d'enfants assistés.

    Philippe Durut
    Bayonne

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  7. Je vois que nous faisons tous notre petit voyage initiatique en cet été ; et c'est grâce à toi notamment et on ton généathème de l'été :)
    Pour ma part, j'ai essayé de reconstituer le parcours solognot de mon arrière grand-mère, mais je ne connais pas exactement les maisons dans lesquelles elle habitait ou elle travaillait.
    Même avec le recensement, la tâche est difficile.
    En cherchant, on découvre, mais de nouvelles questions se posent.
    Prochaine étape: aller voir les propriétaires des maisons qui forment un lieu-dit (pas de risques d'erreur, normalement!)
    Merci pour cet article, qui a dû être émouvant.

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  8. Valérie, Bribri, Benoît, merci pour vos réactions.

    Vous l'avez justement deviné, ce parcours fut plus émouvant que prévu, notamment grâce à la rencontre de la petite-fille de M. Gauthier.
    S'entendre dire "Là où vous êtes, c'est où dormait votre grand-père" provoque en effet quelques frissons !

    C'est la beauté de la généalogie.

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  9. Bonjour Philippe,

    Merci pour votre commentaire.

    Je possède effectivement la copie intégrale du dossier de l'Assistance de mon grand-père, obtenue aux Archives de Paris.
    Concernant le bureau de placement à Toucy, que ce soient les Archives à Paris ou à Auxerre, il n'en reste aucune trace.

    Je n'ai pas encore consulté les archives municipales. C'est sur la liste de ce qu'il me reste à rechercher pour compléter la vie de mon grand-père.

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  10. Bonjour, merci pour ces commentaires très intéressants et encourageants. J'essaye de faire le même parcours que vous pour retrouver les traces de mon grand-père Charles Lelong, né à Paris en 1898 et placé à Coulanges la Vineuse dans l'Yonne. Il a été placé très jeune puisque son nom figure dans la liste du recensement de 1901 à Coulanges. Ce statut d'enfant de l'assistance sociale l'aura stigmatisé tout au long de sa vie et a également pesé sur mon père qui se sentait sans racines. Mon grand-père a été bien traité par ses familles d'accueil et a appris un métier. Il est devenu boulanger. Je vis actuellement aux E-U et je n'ai plus de famille de la génération de mon père pour m'aider dans mes recherches. Je vais continuer à consulter les archives départementales en ligne et lors de mon prochain voyage en France, j'irai faire un petit tour à Coulanges.

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  11. Félicitations pour l'article!
    Il ne faut pas oublier qu'en 1910, c'était l'année de l'inondation du siècle. Ma grand mère a aussi été placée en février 1910 et elle avait le numéro d'inscription 1335. Ils ont dû en avoir beaucoup cette année là avec les conditions de vie horribles. Ça à dû être creve coeur pour plusieursparents qui pensaient faire ça pour le bien de leur(s) enfant(s).
    Dominique

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