Suite à mon article La Généalogie en cuisine, j'ai demandé à Tatiana Yvon, généalogie professionnelle, quels étaient ses souvenirs culinaires et comment elle les transmettait.
J'ai donc le plaisir de vous présenter, pour le premier article invité de La Gazette, Cuisine et histoire des familles, par Tatiana Yvon.
Tout comme Sophie l’évoquait dans son billet, j’ai moi aussi
un « héritage culinaire » familial, comme le fameux ;-)
pot-au-feu « angevin », que je mitonne encore aujourd’hui pour ma
famille. La seule évocation de ces petits plats traditionnels du passé me fait
saliver, et rappelle surtout à ma mémoire des personnages, des images, des
histoires… et me plonge dans un état de douce nostalgie parfumée et aromatisée.
Le bœuf
mironton de Mémère
Une des recettes qui me vient immédiatement à l’esprit est
le bœuf mironton de « Mémère », ma grand-mère maternelle. Quoi de
plus banal me direz-vous ? Mais dans ce mironton-là, point de… viande de
bœuf ; à l’époque où Mémère le cuisinait, le pot-au-feu était un luxe
qu’on ne pouvait pas se permettre.
Cet héritage culinaire familial nous vient en effet de la
guerre et de ses privations, car après le silence des canons, ma grand-mère –
comme tant d’autres de ses contemporains – a dû s’accommoder de la rareté des
choses pour nourrir les dix bouches de son foyer. Ainsi dans son soit-disant
bœuf mironton, le corned beef remplaça la viande et les « patates »
apportèrent la consistance au plat. Puis elle transmit cette
« recette » à ma mère, qui me la transmit à son tour.
La cuisine familiale et pratique par H.-P. Pellaprat, Flammarion, 1955 – un ouvrage culinaire qui fait partie de mon « héritage » ;-) |
Je ne suis en effet jamais posé cette question de la
préservation des recettes de la famille, pourtant si intimement liées à son
histoire. Alors, par où commencer ?
Eh bien… mais par moi-même ! Je ne sais pas encore si
je confierai ma mémoire culinaire à l’éléphant vert d’Evernote Food comme
Sophie, à un cahier d’écolier, à un beau recueil à la couverture de cuir doré,
ou si je la collecterai simplement dans
un classeur ou un dossier « mes favoris culinaires » sur mon
ordinateur. Mais je vais répertorier mes recettes préférées, celles dont j’ai
hérité, celles que j’ai
« inventées ». Ainsi, même si ma fille ne cuisine pas, peut-être une
petite-fille ou un petit-fils servira un jour à ses proches « mes »
Saint-Jacques poêlées présentées sur un lit de lentilles aux lardons, sans
oublier la fleur de sel et le petit filet de vinaigre balsamique pour les
assaisonner !
Ensuite, on évoque souvent dans les recherches généalogiques
et historiques sur la famille le fait d’interviewer ses proches. Et dans cette
démarche, le graal d’un généalogiste n’est-il pas de convaincre une mère, une
tante… de se saisir de la plume pour écrire ses mémoires ?
Il faudra donc penser dorénavant à intégrer dans nos questions ce patrimoine culinaire, reflet de l’histoire de la famille. Et pourquoi pas inviter nos proches à écrire eux aussi leurs recettes préférées , créées ou réinterprétées. Et d’ailleurs, qui sait si la mise en forme si particulière et plutôt simple d’une recette – j’ai révisé cela en primaire avec mes enfants – ne leur donnera pas envie d’écrire… Pour oser raconter sa vie, commencer par coucher quelques recettes sur le papier ?! ;-)
Il faudra donc penser dorénavant à intégrer dans nos questions ce patrimoine culinaire, reflet de l’histoire de la famille. Et pourquoi pas inviter nos proches à écrire eux aussi leurs recettes préférées , créées ou réinterprétées. Et d’ailleurs, qui sait si la mise en forme si particulière et plutôt simple d’une recette – j’ai révisé cela en primaire avec mes enfants – ne leur donnera pas envie d’écrire… Pour oser raconter sa vie, commencer par coucher quelques recettes sur le papier ?! ;-)
Et vous, quel est votre héritage culinaire ? Comment
allez-vous le transmettre à vos enfants ?
À vos commentaires… culinaires !
À vos commentaires… culinaires !
Tatiana
Retrouvez Tatiana :
- Sur son blog Entre nous et nos Ancêtres
- Sur Twitter @yvongenea
3 commentaires :
A la mort de sa grand-mère, ma mère avait récupèré un cahier dans lequel son aïeule avait noté toutes ses recettes. Je revois encore ces pages un peu jaunie et la très belle écriture à la plume. Ma mère utilisait très souvent ce cahier pour nous mitonner de bon petits plats lorsque j'étais enfant.
Un beau jour, ayant grandi, j'ai voulu moi aussi m'y essayer. J'ai donc ouvert ce cahier et .... Il était vide. Humidité, temps qui passe, lumière avait totalement effacé l'encre. Le cahier était comme vierge et toutes les recettes avaient disparu.
Personnellement, j'ai toujours pensé qu'il s'agissait d'un sortilège et que ce cahier avait été ensorcelé. Car, j'en suis depuis persuadé, mon arrière-grand-mère était une sorcière.
@Jordi : Merci pour ce beau souvenir. Toutes nos grands-mères ne l'étaient-elles pas un peu ? Gentille sorcière ? Magicienne ?
Ton témoignage souligne combien il est important de sauvegarder ces traces écrites : scan, photo, copie, ...
Enfant, nous pensons que tout est éternel, des objets aux personnes, puis une fois adulte nous ne voulons pas penser que tout a une fin.
Ne perdons pas ces précieux souvenirs, préservons les.
Bonjour,
Je me permet de vous envoyer un message puisque je suis tombé sur vos beaux souvenirs intimes et precieux! Je suis étudiante en design graphique, et pour l’année de mon diplôme, j’aimerais travailler sur l’héritage culinaire. L’idée du projet, est de raconter et partager une histoire à travers une recette de vos parents, grands-parents, proches, avec des vidéos, photographies, objets, vêtements, ustensiles... afin de rendre hommage et transmettre leurs histoires à travers ces recettes !
Je voulais savoir si vous seriez d’accord de participer à mon projet? Si oui n'hésitez pas à m'envoyer un mail
Belle journée 😊
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